Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Astier and CoAstier and co

Tous nos articles Gévaudan

Fil des billets - Fil des commentaires

mardi 4 juin 2013

Alexandre Astier développe sur le blocage de Kaamelott

Suite à son tweet inquiétant qui remettait en doute la faisabilité de la suite de Kaamelott, les réponses et les réactions ont fusé à l'oreille d'Alexandre Astier. Il a en conséquence publié ce soir un texte plus long pour expliciter la situation (mise à jour : message qui a été effacé le lendemain). Il y confirme la situation bloquée de Kaamelott, exclut certaines raisons de cet état bloqué, et appelle ses suiveurs à la modération. À peu près tout ce qu'il y a à dire est dans le texte reproduit ci-dessous, si ce n'est que, Kaamelott bloqué, Alexandre Astier devrait s'occuper de son projet de film sur le mythe de la bête du Gévaudan.

En temps normal, ces machins-là devraient rester derrière le rideau. Mais je lis tellement de choses confuses (même jusque dans la presse) à propos de la suite de Kaamelott que je vais tout de même écrire quelques lignes.

À ceux qui attirent mon attention sur le Crowdfunding et les scores astronomiques obtenus par tel ou tel, je précise que la suite de Kaamelott n'est pas un problème de fonds. Pas encore, en tout cas. Les investisseurs sont motivés et enthousiastes, avec des réserves prévisibles, comme pour tout prolongement d'une série à succès sur grand écran.

À ceux qui projettent d'incendier M6, je propose de freiner des quatre fers : la chaîne est, plus que jamais, aux côtés de Kaamelott et de sa suite. M6 est demandeuse de cette suite, impatiente et aussi triste que moi de l'embarras regrettable dans lequel se trouve le projet.

À ceux qui y vont à coups de « Sois sympa, fais-le ! », voire « De toute façon, vous les vedettes, il y a que le pognon qui compte ! Tu nous l'avais promis, tu le fais pas, t'es qu'une grosse salope à la solde du RPR. Je souhaite ton décès… », je réponds sans me fâcher que je n'ai pas plus besoin aujourd'hui de motivation pour écrire une suite que je n'en ai eu besoin pour écrire les quarante heures précédentes, sans parler des sept albums de BD. J'aime Kaamelott, j'ai la suite (et la fin) de l'histoire dans la poche, et je suis triste tous les jours que Dieu fait de ne pas être encore en mesure de la tourner. Ça me peine, ça m'énerve et je trouve ça terrible d'avoir inventé un décor et d'être dans la position écœurante de m'y voir interdit d'accès.

Quel est le problème ? Je ne peux pas trop en dire ; il se prépare certainement des choses un peu lourdes et on pourrait me reprocher d'avoir publiquement mis en cause telle ou telle partie. Pour faire simple, les contrats actuels m'obligent à travailler dans un contexte ridicule ; la situation a tellement changé depuis 2004 qu'il me semble impensable de me lancer dans dix ans de production (une trilogie cinéma et un spin-off Résistance) dans de telles conditions, tenu de simuler une collaboration avec certains dont l'incompétence éditoriale en ce qui concerne Kaamelott frôle le cynisme absolu et dont l'ahurissante cupidité est l'ultime solution de sortie. C'est la gerbe, croyez-moi.

C'est la gerbe mais c'est comme ça. Je me bats et me battrai bec et ongles pour avoir le droit de faire Kaamelott dans des conditions qui me conviennent (c'est quand même bibi qui bosse le plus sur cette affaire, il faut pas déconner), honnêtes, équitables et où les moyens ne sont utilisés qu'à faire un beau film, pas à raquer des péages.

De plus, Kaamelott — ce n'est peut-être pas évident pour tout le monde — n'est pas, loin s'en faut, la seule chose que j'aie à raconter.

À ceux qui ne jurent que par Kaamelott et qui ne désirent pas se rendre curieux du reste, je proposerai la patience. Je leur donne surtout l'assurance que j'engage tout ce que je peux pour sortir leur Kaamelott-chouchou de l'ornière imbécile dans laquelle elle se trouve. En attendant, la série BD continue, peut-être d'autres supports encore ; le seul blocage concernant l'audiovisuel.

Aux autres, séries, films, spectacles, BD sont déjà en chantier. Des histoires dont je suis, je ne le cache pas, très fier et que j'ai hâte de vous faire découvrir. Ça a d'ailleurs toujours été clair pour moi : moitié Kaamelott, moitié pas-Kaamelott… Pour le moment, c'est la moitié pas-Kaamelott qui prend, indépendamment de ma volonté, le dessus.

Tous les messages gentils qui me soutiennent dans cette épreuve merdique (j'aime bien les avocats mais je préfère tourner des films, croyez-moi) sont les bienvenus. Tous les messages d'insulte qui m'expliquent la vie et tout ce que je ne comprends pas ne me servent à rien.

Enfin, à ceux qui souhaitent partir en croisade contre les méchants, restez au chaud. D'une, vous ne savez pas contre qui gueuler et c'est malheureusement un état qui vous rapproche de Guethenoc et Roparzh (rematez-vous les épisodes, c'est pas fameux), et de deux, si un jour j'ai à vous demander de gueuler pour de bonnes raisons, vous serez déjà à moitié crevés. Vous cassez pas, je m'occupe de tout et je vous promets que je ferai tout pour que Kaamelott existe. J'ai trente-neuf ans dans quelques jours, j'ai encore quelques années avant qu'Arthur ne soit plus raccord. J'ai le temps. Vous aussi d'ailleurs ; statistiques à l'appui, je n'ai à m'excuser qu'auprès des plus de soixante-seize ans qui risquent, eux, peut-être, de louper la fin… Moi, je m'engage à me grouiller, eux, à arrêter de fumer, manger sain et marcher trente minutes par jour et tout va bien se passer.

Je vous embrasse. Non mais c'est vrai en plus. Je vous embrasse vraiment.

Forza.

A.

samedi 5 décembre 2009

Alexandre Astier en interview pour Cinéma France : un film avec la bête du Gévaudan en écriture

Alexandre Astier a rencontré le site Cinéma France pour une interview à l'occasion de la sortie du Livre VI de Kaamelott. Il s'y entretient longuement sur l'évolution de la série, depuis le court-métrage jusqu'aux prochains films. Et en filigrane, il décrit l'importance des histoires dans ce qu'il fait, et révèle écrire un film dans lequel le héros rencontre la bête du Gévaudan. Il avait déjà parlé de cette envie d'adapter le mythe dans le magazine Geek. Peut-être est-ce ce film d'époque qu'il confirmait écrire il y a 10 jours.

Voici quelques extraits de l'interview intégrale :

Vous dites que vous avez épuisé le format télé, donc on imagine forcément que la prochaine étape de Kaamelott, c'est le cinéma.
C'est prévu, simplement c'est encore une autre forme. En deux heures une épopée doit être bouclée donc je sais ce qui s'y passe dans ce truc-là, mais il y a pas… (il hésite et reprend) c'est encore une autre transformation. Je pense que quoi qu'il en soit, il y aura des gens qui seront déstabilisés par le film comme certains ont été déstabilisés par les saisons 5 et 6, par le changement de format, par le changement de ton, par tout. Il faut évidemment s'attendre à voir Kaamelott comme on ne l'a jamais encore vu. Probablement plus épique, plus riche et plus « punch » aussi. Des évènements seront ramassés en moins de temps mais c'est encore une autre forme.

Vous parlez de l'héritage anglais (donc on pense forcément aux Monty Pythons), vous évoquiez aussi Michel Audiard…. Quelles ont été vos autres influences sur Kaamelott ?
[...]
Star Wars dans la volonté de faire une grande quête, et de mêler à l'humour quelque chose de très sérieux sur la paternité, le don, la noblesse ; la chevalerie. Qu'est ce que c'est qu'un Jedi sinon un chevalier. C'est directement tiré des notions de la chevalerie. Donc c'est un grand mélange… Comme tous les geeks qui ont tendance à être pluriculturels : ils aiment Goldorak, Spider-Man… Et puis dans Kaamelott il y a un peu tout ça et probablement dans tout ce que je ferais, d'une manière ou d'une autre, avec un côté bien français. Je suis en train d'écrire un film qui fait rencontrer le héros que j'ai créé et la bête du Gévaudan. Pour moi, la bête du Gévaudan c'est la « geekculture » française. On n'a pas de Superman nous. L'homme parfait qui passe par-dessus les buildings et qui détruit les méchants, ça c'est le fantasme américain. On peut se l'approprier mais c'est tout de même un fantasme de colons, de cow-boys. On a des trucs magnifiques chez nous : on a Belphégor, la légende du Gévaudan… des choses beaucoup plus européennes, plus austères et je suis sûr qu'on peut avoir notre « geekculture » aussi meilleure que les Ricains. Il faut simplement qu'on se fasse confiance, on a un patrimoine de dingue, simplement en lisant les histoires de notre pays !