À noter : pour les dates de représentations de 2009, consultez cette note.

Lionnel Astier a écrit pour le metteur en scène Gilbert Rouvière le texte de La nuit des camisards. Dans ce spectacle, une vingtaine de comédiens refont la guerre des Cévennes du début du XVIIIè siècle, à l'aube de l'éxecution de l'abbé du Chaila.

Ce spectacle est écrit par un homme originaire des Cévennes, et destiné à être joué en plein air, dans les "déserts" cévénols des camisards. Pour accéder à la clairière où se jouera l'Histoire, le public devra d'abord marcher sur plusieurs centaines de mètres. Il s'assiéra ensuite à même le sol, comme lors des réunions des camisards. Basé sur des faits historiques, le spectacle assume son statut de fiction, privilégiant l'émotion à la reconstitution, comme le montre cette interview de Lionnel Astier par le Midi Libre :

Êtes-vous protestant et en quoi la guerre des Camisards a-t-elle marqué votre histoire ?
Je suis baptisé. Pas pratiquant. La moitié de ma famille était catholique, l'autre protestante. Je m'y suis intéressé étant jeune. C'est peut-être en m'intéressant à cette guerre faite par les gens de mon pays, dans une géographie que je connais, que j'ai pu comprendre d'autres guerres dans le monde, même si chacune est unique.

La question de la liberté de conscience vous travaille-t-elle ?
Elle est importante dans notre monde. Je travaille par exemple sur la piraterie. Dans les Caraïbes, parmi les flibustiers, il y avait des protestants. Il y avait un côté libertaire. Sur l'île de la Tortue, au XVIIe siècle, on a instauré la liberté de culte. La liberté de conscience est une bonne révolte. Il n'y a pas de bonne guerre, mais de bonnes colères.

Vous osez le pari de mêler histoire et fiction. Comment avez-vous travaillé ?
La fiction est mon métier. Je crois en sa vertu. C'est souvent elle qui m'a expliqué la vie. Je n'ai pas fait un travail d'historien ou d'archéologue. J'ai essayé de m'imprégner de sensations. J'ai surtout ressenti cette espèce de peur avant de plonger dans la guerre. Même si on les dit inspirés, il fallait que ces paysans y aillent ! A la base, il y a aussi une commande de Gilbert Rouvière pour le plein air. Cela induit des choses. On est dans la montagne. J'ai voulu qu'il n'y ait que des gens que l'on peut rencontrer en Cévennes, 48 heures avant la mort de l'abbé du Chaila. J'ai gardé ce personnage important, extraordinairement convaincu de son devoir, très coupable parce qu'il a échoué. Ce qui m'a intéressé, c'est raconter ce que ne disent pas les historiens. Quitte à trahir, autant tomber dans la fiction. J'ai essayé de faire un enfant à l'histoire : un objet artistique.

Qui est Bastide, personnage discret mais central, qui laisse entendre que la raison pousse vers l'athéisme ?
Il est totalement imaginaire. Il porte ma voix. Il a de la modernité. Je l'ai rendu absent : il est parti depuis la Révocation. Il n'est pas à la même température. La vie l'a tellement cassé, avec les galères, le fait d'avoir cru femme et fille mortes toutes deux... C'est un homme qui est dans le doute. J'ai trouvé important de mettre dans cette poudrière quelqu'un qui se posait des questions sur l'existence de Dieu et sur la guerre.

Le spectacle tournera cet été dans les Cévennes, à partir du 7 juillet, et devrait être repris les 2 étés suivants. Parmi les comédiens, Lionnel Astier lui-même, mais aussi sa femme Josée Drevon (Ygerne dans Kaamelott), et son fils Simon Astier ! On est comme ça chez les Astier, on joue en famille !

A lire, l'article du Midi Libre présentant le spectacle, ainsi que les pages consacrées au spectacle sur le site du Zinc théâtre. Et pour réviser son Histoire, un bref résumé de cette révolte populaire.

Mise à jour : les dates et la distribution du spectacle.