Téléobs.com, le site télé du Nouvel observateur, publie une interview d'Alexandre Astier. Pleine de détails intéressants, la voici en quasi-intégralité :

Le livre VI de Kaamelott a été diffusé en exclusivité au Grand Rex fin mars. Comment avez-vous réagi à l’accueil que vous a réservé le public ?
Honnêtement, je ne pensais pas que ça pouvait exister en France. Une ferveur de fans, de connaisseurs, un public qui réagit à toutes les phrases faisant référence aux précédentes saisons, c’était quelque chose qui m’a beaucoup touché.

Comment l’idée d’une préquelle (épisode réalisé après mais dont l’action se déroule dans le passé) pour le livre VI vous est venue ? Et comment avez-vous pris les réactions mitigées du public face au destin dramatique de la saison 5 ?
C’était prévu. Je voulais enchainer une saison très noire avec une saison plus légère. Le truc, c’est pas mon boulot d’écrire pour le public. J’écris ce que j’écris, c’est pas à la carte, c’est pas au vote. Ceci dit, les trucs les plus débiles sont dans la saison 5.

Ce n’est pas non plus un problème de programmation ?
C’est d’abord une question de stratégie. Les chaines annoncent leur diffusion trois semaines à l’avance. Au bout de la quatrième, M6 aurait pu s’exposer à une contre-programmation. Par exemple pour le livre VI, ni mon producteur ni moi ne savons quand il sera diffusé. Je comprends qu’ils ne veulent pas qu’il y ait de fuite, ils se protègent et c’est bien normal.
C’est une discipline curieuse la programmation. C’est vachement dur de savoir qui va regarder tel ou tel programme. Ils définissent en fonction des catégories, étudiants, ménagères… Quand je regarde les courbes de Médiametrie, je vois qu’à tel moment, il y a un pic parce que la pub a commencé sur une autre chaine, mais c’est quelque chose qui me dépasse, ce n’est pas mon métier. Moi, j’ai la culture de regarder les séries américaines en DVD.

On vous prête le projet d’un film, ou d’une série, sur la pègre italienne ?
Non pas sur la pègre mais sur l’immigration italienne, parce que je viens de ce milieu là et c’est quelque chose d’hyper important pour moi. Mais je ne sais pas encore sous quelle forme. C’est vrai qu’un film de deux heures, ça me semble juste pour développer les personnages comme j’aimerais le faire.

Dans une interview (à France Soir), vous avez parlé d’une série dans la veine de Star Trek ?
Dans cette interview, on m’avait demandé quel serait mon rêve. Et c’est vrai que des mecs qui sont perdus dans l’espace, ça peut être marrant. On pourrait découvrir à chaque épisode une planète avec des nouvelles créatures. La science-fiction m’intéresse définitivement. Une aventure où tout fonctionne de travers avec un équipage de vaisseau un peu raté...
En plus, cela peut être très marrant pour toute l’équipe technique de travailler là-dessus, on peut se permettre de tout faire. Simon (Astier son demi-frère, créateur de Hero Corp) a un peu la même envie. D’ailleurs, c’est lui qui m’a collé aux séries, qui m’a fait découvrir Friends… On n’a pas le même caractère, on a dix ans d’écart. Moi, je suis renfermé, je bosse tout seul, je ne suis pas les nouveautés.

Quel est le défaut des séries françaises ?
En France, à partir du moment où le sujet est sérieux, y a plus un poil d’humour. L’humour est réservé à la comédie alors que dans la vie, il y a de l’humour partout.
Il faut laisser à un auteur le soin de tout faire. Il ne faut pas que ce soit les chaines qui fassent les séries. Elles croient qu’une série se fait sur un sujet: “Tiens, on va faire une série sur les pompiers”. Mais ça ne fonctionne pas comme ça. Il faut que les auteurs écrivent des personnages pour des acteurs. L’acteur, c’est l’outil principal de la fiction. A partir du moment où les acteurs ont l’air de se plaire, ça fonctionne.

Avec le succès de Kaamelott, vous êtes plutôt libre ?
Oui, on ne me surveille pas trop mais je le prendrais super mal si quelqu’un retravaillait la structure et la mécanique d’écriture de mes scénarios. Je ne reviendrai à la télé qu’avec l’assurance d’avoir la paix totale.