Mise à jour du 11 novembre : C'est à voir ce soir !
À l'occasion du 90ème anniversaire de l'armistice de la 1ère guerre mondiale, France 2 diffusera le 11 novembre à 20h50 le documentaire 14-18, le bruit et la fureur. Dans ce film, la guerre est racontée à travers la vision d'un soldat, à qui Alexandre Astier a prêté sa voix. Voici la présentation du film par France 2 :
Tout est loin d’avoir été dit sur la « der des ders », sur l’histoire de cette immense tromperie, de ce gâchis infini. À travers le récit d’un soldat qui a traversé toute la guerre et qui parle aussi au nom de ses camarades, 14-18 le bruit et la fureur est un documentaire réalisé à partir d’images d’archives, pour la première fois, restaurées, colorisées et sonorisées. À rebours de la victimisation du soldat qui a longtemps prévalu, le propos de ce film est nouveau : la Grande Guerre a été entretenue par un consentement général. Ce sont des sociétés entières qui se sont jetées dans ce qu’elles pensaient être un combat de la civilisation contre la barbarie. Elles se sont ainsi engagées dans le premier massacre de masse moderne, sans avoir la moindre idée de ce qui les attendait. En suivant les analyses d’Annette Becker, l’un des chefs de file de ce nouveau courant historiographique, ce film donne une vision neuve de ce conflit dont l’ampleur, la violence, le caractère total ont à la fois préfiguré et engendré les tragédies du XXe siècle.
Isabelle Rapineau a réécrit le commentaire du film. Elle parle du choix de l'incarnation de la voix du soldat sur le blog « topolivres » :
Il fallait une voix pour charrier l'ensemble des tensions propres à la guerre de 1914-1918, la volatilité cauchemardesque des gaz autant que le souffle des obus. Il fallait une respiration apte à trouver son rythme dans l'enfer des canons de l'artillerie et le moelleux acide des chansons de poilus. Il fallait un tempérament propice à libérer le dynamisme prompt de ce jeune siècle où la vitesse se révélait. Capable aussi, dans le même temps, d'éprouver l'accent dérisoire de toute guerre d'un timbre incarné, métallique qui parfois se fragilise jusqu'à l'apnée. Alexandre Astier, le créateur de Kaamelott, est porteur de cette voix-là. Son sens de l'ellipse, toujours articulé à un châssis narratif d'une logique implacable, est pédagogique. C'est paradoxal, mais c'est ainsi. C'est l'un des charmes d'une écriture dont Kaamelott ne figure, à mes yeux, que la première épure.
J'ai beaucoup regardé Kaamelott en me demandant par quel magnétisme Alexandre Astier fait passer la poésie au milieu des gags avec un charisme digne des productions du Groupe Octobre. C'est sans doute que la poésie, shakespearienne, n'est nullement esquivée par l'auteur. Bien au contraire. Elle est acceptée comme telle, dans toute sa sauvagerie. Entraînée par la force d'attraction de la voix d'Alexandre Astier, elle s'exprime parmi les dialogues qu'il place dans la bouche de ses personnages jusque dans l'orgue dramatique du personnage principal, l'auteur lui-même, vers lequel tous les autres timbres se diffusent. A sa manière, Kaamelott est un opéra, tout en ondes et en tensions (rires et pleurs, foule et solitude).
Alexandre Astier, auteur autant que comédien, place sa voix dans le théâtre d'ombres de 14-18, trouve ses formulations à lui et améliore le texte, en goûtant le débit, percevant son rythme intime, corrigeant ses imperfections, magistralement. Avant Kaamelott, Astier avait "tourné" dans un spectacle théâtral sur 14-18 basé sur les lettres de poilus, Nous crions Grâce. Nous l'ignorions.
Le résultat s'entend dans la bande-annonce de France 2, ainsi que dans les quelques autres extraits que propose france2.fr dans une page consacrée au documentaire :